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Respirer

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Respirer, Boire, Manger, Bouger . Voilà bien les fonctions essentielles pour tous les organismes animaux, dont nous faisons partie. On y pense quelquefois , on oublie souvent. Heureusement ! Cette évidence, cette insouciance, voilà bien le privilège de la bonne santé. Et rien de tel qu'un épisode pathologique pour en retrouver la conscience.
Cette fois-ci : deux semaines à l’hôpital pour retrouver le souffle suite à une embolie pulmonaire.

-« Vous avez mal ? »
…….
-« Vous avez mal à quel endroit ? »
………..
-« Sur une échelle de 1 à 10, où situeriez-vous la douleur ? »
…………….
C’est sans doute la 10ème infirmière qui s’approche de moi au cours de cette longue journée et qui me pose les mêmes questions. Et c’est justement à cause de cette douleur violente, omniprésente que j’ai du mal à lui répondre. Je n’ai pas connu jusqu’à présent dans mon expérience personnelle, de douleur plus forte mais puis-je pour autant lui attribuer 10 sur 10 ?
-« A la base du poumon droit, dans le dos. Comme un coup de poignard et dès que je tente de bouger, à la recherche d’une meilleure position. Par pitié, donnez-moi un anti-douleur , quelque chose de plus fort. »
Les médecins ont souhaité préciser le diagnostic avant de passer à la morphine, ça ne va pas tarder. Deux heures pour le résultat des analyses sanguines (les D Dimères vont confirmer la présence de caillot) et un angioscanner qui valide l’hypothèse de l’embolie pulmonaire
Je repars des urgences, en direction du service Médecine A, un peu calmé après une injection de 10 ml de morphine. Le temps de trouver une position confortable dans le lit médicalisé et me voici pas loin de m’endormir.
La douleur encore
Le lendemain matin, le bienfait d’une nuit de repos est vite oublié devant les attaques de la douleur. Le personnel soignant s’en occupe... A sa manière : ce serait trop simple de parer au plus pressé et de m’administrer la dose de morphine (10ml)qui avait été efficace hier. Ils entament donc un protocole tatillon aux fins de déterminer la dose idéale : 5 ml puis 2 supplémentaires, puis 2 supplémentaires, puis 1 supplémentaire séparés à chaque fois d’une pause de 20 mn – un vrai supplice pour celui qui souffre et n’attend que le soulagement le plus rapide.
Plus tard, j’évoquerai avec les médecins les avantages de la pompe à morphine que j’avais pu expérimenter lors d’une précédente hospitalisation: c’est le patient qui commande une nouvelle dose , il peut rapprocher les prises en cas de poussée de la douleur. La machine reste paramétrée pour ne pas franchir certaines limites pré-établies.
Alors, pourquoi ces hésitations devant la morphine et la lutte efficace contre la douleur ? Mystère …Sans doute la réticence du corps médical à laisser au patient le soin de définir sa dose nécessaire. Pas très logique, quand tout le monde admet que la souffrance est avant tout un ressenti subjectif.
Le traitement sera finalement stabilisé dans la journée avec de la morphine en gélules à libération progressive. Restent les poussées douloureuses lorsqu’on cherche à changer de position, ou à trouver une inspiration plus profonde.
Je commence à rassembler les éléments et les informations qui me permettent de mieux comprendre ma situation.
La veille j’étais à la maison à table avec les enfants, en convalescence d’une opération bénigne de hernie. La douleur dans le dos apparue la nuit précédente ne me laisse plus tranquilleurgence-infirmier. On se retrouve vite avec Danièle chez un radiologue qui, sans faire un diagnostic précis (le terme d’embolie est évoqué) , s’inquiète de l’image pulmonaire. Danièle n’hésite pas, consulte le SAMU qui nous envoie une ambulance.
C’est ainsi que vers 17H je me retrouve aux urgences de l’Hôpital de Tarare. Les premiers résultats confirment la survenue d’une embolie pulmonaire. Un caillot circulant dans les veines s’est retrouvé boucher une artère dans le poumon. Les tissus pulmonaires n’étant plus irrigués sont détruits. On distingue l’embolie proximale – en direct sur l’artère principale (l’autoroute de la circulation) des formes distales (les routes secondaires). Les premières ont de graves conséquences, les secondes touchent des territoires plus restreints mais peuvent être plus douloureuses. Je suis dans le deuxième cas.Embolie-pulmonaire
Une affection grave et assez fréquente
Je fais partie des 100 000 patients touchés chaque année par cette grave maladie (20% n’en réchappent pas). La variété des symptômes rend souvent le diagnostic difficile. Dans mon cas : une certaine difficulté à respirer et surtout une violente douleur. Souvent l’embolie est précédée par la survenue préalable d’une phlébite (inflammation d’une veine, souvent dans les membres inférieurs, à l’origine de l’apparition du caillot).
Ensuite, la rapidité de la mise en place du traitement a une grande influence sur le pronostic et l’issue de la crise. Il faut donc administrer des anti-coagulants qui vont progressivement dissoudre le caillot. Interdit de se lever pendant 36 h pour éviter que le caillot puisse se déplacer.
Le temps a passé. Je peux maintenant me lever. Mais je ne quitte guère le lit, attentif à conserver une position non-douloureuse  et à doser ma respiration pour rester dans les limites acceptables des mouvements d’inspiration.2015-10-12 17.35.44 L’oxygène sous la narine et un coup d’œil sur la saturation d’oxygène (vous savez cette petite pince qu’on fixe au bout de l’index), dans l’attente qu’elle dépasse les 90%, signe d’un rétablissement de la machinerie pulmonaire.

De l'air !
Au bout d’une semaine, on commence à parler de ma sortie … à condition que je n’aie plus trop besoin de la morphine et surtout que je puisse me passer de l’oxygène avec une saturation correcte. Finalement, il faudra attendre le lundi prochain. Presque deux semaines dans ce petit hôpital local de Tarare où les soins sont efficaces et attentifs.
Dès Samedi on teste la suppression de l’oxygène. Il fait beau et Danièle m’accompagne dehors. Un vent léger soulève les premières feuilles d’automne et il est temps pour moi d’avaler à grandes goulées cet air qui m’a été si rationné ces derniers jours. Pas encore de quoi soutenir un jogging mais c’est un bon début. Une renaissance !.automne à tarare

Danièle en parle aussi dans son blog Les mots justes


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